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     SERIAL FIRE 3



     



    Georges Perec



    Je mets un tableau sur le mur. Ensuite, j'oublie qu'il y a un mur. je ne sais plus ce qu'il y a derrière ce mur, je ne sais plus qu'il y a un mur, je ne sais plus que ce mur est un mur, je ne sais plus ce que c est qu'un mur. Je ne sais plus que dans mon appartement, il y a des murs, et que s'il n y avait pas de murs, il n'y aurait pas d appartement. Le mur n'est plus ce qui délimite et définit le lieu où je vis, ce qui le sépare des autres lieus ou les autres vivent, il n'est plus qu'un support pour le tableau. Mais j'oublie aussi le tableau. Je ne le regarde plus, je ne sais plus le regarder. J ai mis le tableau sur le mur pour oublier qu'il y avait un mur, mais en oubliant le mur, j'oublie aussi le tableau.(...) Les tableaux effacent les murs. Mais les murs tuent les tableaux (...).



     



                                                                                                                                                                                             Espèces d espaces



     



                                                                                                                                                                                    



                                                                                                                                                                                         



     



     


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    Serial fire 2








    ou comment faire du non sens de la vie



      le sens d'une oeuvre, qui deviendrait celui d'une vie éminement consciente de sa désespérance. Désespérance de sa finitude, de son inaptitude à expliquer la fin puisqu'elle n'a pas de fin et la fin en soi d'une vie-oeuvre, d'une oeuvre-vie pour soi et seulement soi. Mais ce n'est pas un chacun pour soi ; c'est l'absolue conscience d'un soi pour rien qui dans la mise en oeuvre du rien devient un tout.



    Un commentaire De  June B.






    Bartlebooth






    Georges Perec























    Imaginons un homme dont la fortune n'aurait d'égale que l'indifférence à ce que la fortune permet généralement, et dont le désir serait, beaucoup plus





     orgueilleusement, de saisir, de décrire, d'épuiser, non la totalité du monde - projet que le seul énoncé suffit à ruiner - mais un fragment constitué de celui-ci :





     face à l'inextricable incohérence du monde, il s'agirait alors d accomplir jusqu'au bout un programme, restreint sans doute, mais entier, intact, irréductible.

    Bartlebooth, en d'autres termes, décida un jour que sa vie toute entière serait organisée autour d un projet unique dont la nécessité arbitraire n'aurait d autre fin




    qu'elle même.

    Cette idée lui vint alors qu il avait vingt ans. Ce fut d abord une idée vague, une question qui se posait - que faire ? -, une réponse qui s esquissait : rien.





    L'argent, le pouvoir, l'art, les femmes, n'intéressaient pas Bartlebooth. Ni la science, ni même le jeu. Tout au plus les cravates et les chevaux ou, si l'on préfère,





     imprécise mais palpitante sous ces illustrations futiles (encore que des milliers de personnes ordonnent efficacement leur vie autours de leur cravates et un





    nombre bien plus grand encore autour de leurs chevaux du dimanche), une certaine idée de la perfection.

    Elle se développa dans les mois, dans les années qui suivirent, s'articulant autour de trois principes directeurs :

    Le premier fut d'ordre moral : il ne s agirait pas d'un exploit ou d un record, ni d'un pic à gravir, ni d'un fond à atteindre. Ce que ferait Bartlebooth ne serait ni





    spectaculaire ni héroïque; ce serait simplement, discrètement, un projet, difficile certes, mais non irréalisable, maîtrisé d'un bout à l autre et qui en retour,





    gouvernerait, dans tous ces détails, la vie de celui qui s'y consacrerait.

    Le second fut d'ordre logique : excluant tout recours au hasard, l'entreprise ferait fonctionner le temps et l espace comme des coordonnées abstraites où





    viendrait s'inscrire avec une récurrence inéluctable des événements identiques se produisant inexorablement dans leur lieu, à leur date.

    Le troisième, enfin, fut d'ordre esthétique : inutile, sa gratuité étant l'unique garantie de sa rigueur, le projet se détruirait lui-même au fur et à mesure qu'il s





    accomplirait ; sa perfection serait circulaire : une succession d'événements qui, s'enchaînant, s'annuleraient : parti de rien, Bartlebooth reviendrait au rien, à





    travers des transformations précises d objets finis.





     





     







    Ainsi s'organisa concrètement un programme que l'on peut énoncer succinctement ainsi :

    Pendant dix ans, de 1925 à 1935, Bartlebooth s'initierait à l'art de l'aquarelle.

    Pendant vingt ans, de 1935 à 1955, il parcourrait le monde, peignant, à raison d'une aquarelle tous les quinze jours, cinq cents marines de même format (65 x 50,





    ou raisin) représentant des ports de mer. Chaque fois qu'une de ces marines serait achevée, elle serait envoyée à un artisan spécialisé (Gaspard Winckler) qui la





    collerait sur une mince plaque de bois et la découperait en un puzzle de sept cent cinquante pièces.

    Pendant vingt ans, de 1955 à 1975, Bartlebooth, revenu en France, reconstituerait, dans l'ordre, les puzzles ainsi préparés, à raison, de nouveau, d'un puzzle tous





    les quinze jours. A mesure que les puzzles seraient réassemblés, les marines seraient « retexturées » de manière à ce qu'on puisse les décoller de leur support,





    transportées à l endroit même où - vingt ans auparavant - elles avaient été peintes, et plongées dans une solution détersive d'où ne ressortirait qu'une feuille de





    papier Whatman, intacte et vierge.







    Aucune trace, ainsi, ne resterait de cette opération qui aurait, pendant cinquante ans, entièrement mobilisé son auteur.








    La vie mode d emploi
    Chap. XXVI










     


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    "Sérial fire"



    Aquarelle sur papier.


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    "Jour nuit"


    Fabrice Violante.


    Aquarelle et chimie sur papier.


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  •  "Méga Titre"   APPEL a participation


    Cette petite aquarelle à été présenté dans une exposition à San Peire .


    Lors du vernissage,j'ai remarqué que l'on interpretait cette peinture "figurative" de manières fort différentes du sujet que j' avais choisis.


    Pourtant,j'avais choisis de la nomer pour donner une indication sur ce qui était donné à voir.


    Alors ,je me suis dit que si "vous" choisisiez le titre à ma place,je pourrais dynamiser cette peinture avec des mots, des lettres...qui se trouveraient combinées à elle mème. 


    ainsi,cet petite aquarelle pourrait grandir de son accumulation de titres mis en inter-action.


    L'esthétique de cet peinture n'est qu'un pretexte,il s'agit seulement de la prolonger en la mixant avec cet autre esthétique de la lettre et du mot.


    Vos titres deviendront le titre et ce tableau deviendra notre tableau.


    Volem créar al Païs


     


     


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